Le Nirvana..l’extase..l’euphorie..la gueule de
bois..l’amertume..la consternation..l’accablement..l’altruisme …
Au dessus de tout ça triomphe la stupidité..la bêtise de
croire en un meilleur lendemain..de croire en la vie..de s’accrocher aux
promesses qui ne seront jamais tenues..bourde après bourde..on est amenés à
mordre aux « je t’aime »..les « compte sur moi »..les « je
ne te laisserai jamais »..la liste est longue..
C’est en concédant à tout ce que la vie nous promet que
commence notre perte..on accumule les déceptions..certains s’endurcissent ..les
autres se fragilisent à en perdre la raison..un vieil homme m’a dit..ne promets
jamais rien à personne..un jour ou l’autre..tu manqueras à une de tes promesses
et tu perdras cette personne à jamais..
L’âge d’une personne doit être calculé selon le nombre de
mensonges qu’il débite par jour..le nombre d’années est insignifiant..quoique
les plus vieux doivent être ceux qui croient à tous ces mensonges..qui les
gobent..s’y accrochent..
c'est une histoire à dormir
debout..une histoire qui n'a rien d'extraordinaire..une histoire ennuyante.. un
dépressif de plus..ça ne touchera personne..ça ne touchera même pas les
statistiques..Je me demandes parfois si ça vaut la peine de salir les feuilles
avec..et si ça venait à être édité..des arbres tomberont pour une cause
ignoble...
Je vivais mon train-train quotidien
non sans peine..mais je m'y plaisais..ma vie se résumait à faire des
projets..pour les gâcher par la suite...
Telle une
intraveineuse..silencieuse..elle a pénétré en moi..elle s'est vidée en moi..tout
doucement..aisément..et s'est retiré..me laissant dans un délire digne du plus
malsain des psychotropes..mon univers croulait sous le poids de mes
rêves..grâce à elle..je m'étais mis à rêver..bien que je ne rêvais que
d'elle..cela m'amusait..
Sans que j'en décide..je me
trouvais amoureux..je ne m'étais ni défendu ni combattu..je me résignais
lentement..je la regardais prendre ma vie..je l'admirais..je me laissais
berner..
Le printemps pliait bagages..l'été
commençait à installer sa chaleur..une chaleur humide et étouffante...les jours
s'allongeaient..mes espoirs aussi..nous parlions pendant des heures..sans
ennui..sans lassitude..mon amour croissait de jour en jour..un piège en cristal
m'aspirait..je me laissais emporter..
Je savais parler aux femmes..elle
savait faire parler les hommes..elle savait se taire..
Tout cela se fit sans une
rencontre..cette rencontre ne tarda pas à venir..ce fut féerique
..je n'avais
d'yeux que pour elle..j'ai toujours ce gout humide sur mes lèvres..un mélange
de rouge à lèvres et de café..un gout qui me hante toujours..un baiser..un
seul..un abysse sans fond..Un gouffre..délicieux..à te pousser vers
l'extase..le nirvana...
Cette femme qui s'offre à toi..qui
te dénude de tes complexes..de ta fatigue..de tes bêtises..cette femme..tu ne
peux l'oublier..cette femme..tu ne peux que l'aimer pour le restant de tes
jours..
Tel un feu de camp..j'entretenais
mon amour pour elle..un feu qui devait rester attisé..un feu que je surveillais
de peur que je ne me brûle..plus tard..j'avais réalisé que c'était un feu de
con..et pour que ça continue de brûler..il faut des cons pour l'alimenter...
Je n'avais que mon cœur..ma vie
misérable..mes rêves naïfs..j'appelais ça mon univers..il était "uni
noir"..rien n'allait..ce que je touchais se transformait en cendres..ma
vie partait en lambeaux..mais j'étais heureux..un bonheur
stupide..éphémère..qui gardait mes yeux bien fermées..mon cœur au chaud et mes
poches bien vides..je n'avais plus d'ambitions..ne serait ce que de
l'enlacer..de l'embrasser..de pleurer ..étouffer mes sanglots sur son épaule..
je vivais d'amour et d'eau
fraîche..d'espoir..de mirages..je ne travaillais que pour pouvoir vivre à ses
cotés..même boire et manger me paraissaient farfelus..
elle avait toutes ces amies
riches..et tous ces amis collants..parce qu’elle se reniait elle même..parce
qu’elle s'amusait à me voir souffrir..parce qu’elle se prenait pour une
sainte..parce qu’elle avait de beaux seins..parce qu’elle réussissait sa
vie..alors que je m'efforçait à rater la mienne..parce qu'elle connaissait des
gens influents..alors que mes amis m'ont laissé tomber..parce que je croyais
aux contes de fées..alors qu'elle comptait les méfaits..parce que je
l'aimais..parce qu’elle s'en foutait..pour tout ça et bien plus encore..il
fallait que nos chemins se croisent pour qu'elle me marque à vie....